[ Stéphane Servant ] Bio, biblio, échos des rencontres,...
Durant l'hiver de cette année,
dans le cadre de l'opération Auteurs au collège,
j'ai accompagné des enfants
venus d'ailleurs
sur les chemins de l'écriture.
C'est ainsi
qu'est né "L'oiseau Voyageur".
Une poésie où il est question
d'exils, de voyages, de larmes, d'espoirs, d'amours et d'amitiés.
Le 13 mai dernier,
lors du salon du livre de Narbonne
un comédien a porté leurs mots
et je crois qu'ils ont bien aimé,
autant que la plage
sur laquelle nous avons achevé notre voyage...
Quelques mots
pour éclairer le début du voyage :
Quand tu viens du bout du chemin,
tu sais,
une nouvelle langue
c'est comme un animal sauvage
qui règne en maître sur la forêt
où tu as posé ton bagage.
Eux, ces enfants qui venaient d'arriver,
ils avaient franchis des montagnes, des mers, des déserts.
Ils étaient chargés de lourdes malles,
pleines de rêves, de cauchemars, d'amours, d'horizons et de poussières.
Ils avaient avec eux toute une foule d'animaux apprivoisés,
de drôles de bêtes aux couleurs bigarrées,
qui regardaient autour d'elles comment les arbres d'ici étaient faits.
L'animal de cette forêt,
dont on entendait au loin les cris,
ne leur était pas tout à fait étranger.
On leur avait raconté des histoires,
au fil de leurs voyages.
Je ne sais exactement lesquelles.
Mais j'imagine que l'animal
devait leur paraître bien étrange :
à certains capricieux, retors,
à d'autres élégant, trop sérieux ou policier.
Mais je pense que tous étaient curieux
de voir comment il était fait.
Cet animal,
je m'y étais frotté, un peu.
J'avais grandi là, avec lui, au sein de cette forêt.
Cet animal,
j'en savais les tricheries, les colères, les rires, les douceurs et la liberté.
Je savais aussi la peur, parfois, qu'il peut inspirer.
C'est pourquoi j'avais accepté,
avec quelques autres,
d'accompagner ces enfants
au cœur de la forêt (...)
"L'oiseau voyageur"
par les jeunes du groupe
de Français Langue Secondaire
du Collège Alain de Carcassonne
Barev - Hola - Salam - Vitay - Zdarveï - Privet
Bonjour. Barev - Hola - Salam - Vitay - Zdarveï - Privet
Bonjour, l’ami.
Je suis un oiseau, Un oiseau-drapeau.
Voyageur du soleil
Je suis Liberté dans l’air, au ciel
Je viens d’Espagne, du Maroc, de Mayotte, de Russie,
d’Arménie, d’Afghanistan, de Syrie, du Liban, d’Italie,
d’Ukraine, du Bangladesh, de Bulgarie, du Mali.
Je suis un oiseau
Et tout là-haut,
Personne ne peut me deviner.
Au dessus de la neige,
Pour toi mon ami.
Je trace les lettres du mot cadeau
Ana tair – Yes trjun em – Yo soy un pajaro
Je suis un oiseau, Un oiseau-reporter.
Mes plumes sont des stylos
De là-haut, je vois tous les pays
Dans les passages et les marges,
Témoin des matins,
Je marque les pages.
Yes amp em - Ana rayma - Yo soy una nube
Je suis un oiseau,
Un oiseau-nuage.
Quand je chante le soleil brille,
Je me sens bien dans les airs
Et parfois je pleure,
Je neige les jours d’hiver,
Lourd plumage d’orage
Comme un cormoran doit souvent
Sécher ses plumes au vent.
Je suis un oiseau.
Un oiseau-nuage.
Nuage bleu, j’habite au ciel
Unique
Différent
Des nuages blancs.
Et mes amis
S’appellent Lune et Soleil
Tout là-haut
Je partage la sagesse des étoiles
Chaque jour j’apprends à voler
De mes propres ailes.
Je suis un oiseau
Et j’ai du courage.
Grâce aux voyages,
J’apprends, je deviens sage
Yes djanaparhord em - Yo soy un viajero - Ana mosafir
Je suis un oiseau-voyageur.
Quand il fait froid, je pars de ville en ville,
Bagages de nuages
Mariage d’orages et de mirages,
Je vole dans le monde pour trouver le bonheur
Un jour, J’ai vu l’oiseau,
je sais qu’il partait.
Je l’ai entendu pleurer,
Le bel oiseau que le vent chassait
Je suis un oiseau, Un oiseau-voyageur.
Dans ma valise, il y a :
Une armoire
Deux fantômes
Trois crânes rasés
Mon chien Deck
Mes amis
La mort
Mes arrières grands-parents
L’Italie
Mes amis
Un Kebab de Tanger
La neige
Deux guerres
Trois films
Mes amis
Mon école
Ma chambre
Un collège
La tristesse
Des avions
Ma maison
Cent narcisses
Et Six livres
Mes amis
Ce fut un long voyage.
En voiture, j’ai traversé Trois îles russes
En avion, j’ai traversé l’océan grec.
En sous-marin, j’ai traversé la forêt bambara.
En bateau, j’ai traversé la jungle macédonienne.
En moto, j’ai traversé La mer anglaise.
En taxi, j’ai traversé La montagne mahoraise
En avion, j’ai traversé La mer arménienne
Un jour,
j’ai posé ma valise
et tu étais là,
mon ami
Gentil comme un frère,
comme un soleil jaune.
Beau comme un arbre, comme le paradis
Beau comme la Tour Eiffel et Paris
Timide comme la fleur du matin
Unique comme les étoiles
qui brillent dans la nuit.
Toi,
Mon ami.