Je n'ai pas hésité
avant de prendre la plume
et là, sur l'avenue,
de son tranchant
me suis désossé
le cœur.
Pourtant,
vous le savez,
il est bien plus facile
de confier ces petits animaux
aux bons soins
de l'équarrisseur,
d'enfouir les yeux dans ses poches
de peindre sur ses lèvres un sourire indolent
d'oublier tout à fait
qu'un jour
ils brillaient
dans notre poitrine
comme de si jolis
petits soleils
qu'on promenait, tout fier,
main dans la main
sur la grande avenue
de la ville.
Mais voyez-vous
j'étais curieux
de savoir jusqu'où la nuit s'étendait
de ce côté du monde
et d'un seul trait
je l'ai fendu en deux.
A l'intérieur
il n'y avait rien d'autre
qu'un moineau
aux ailes rompues
par
un café refroidi et des nuits chiffonnées et le miroir narquois
les larmes du matin le rire du cendrier et le vertige du vide
de toutes ces journées
qui me séparaient
maintenant
de toi.
Voilà comment
sans y prendre garde
prisonnière de sa cage
et de cet amour brisé
la vie
s'étiolait.
Tout l'été,
j'ai bercé l'oiseau,
du bout des lèvres
lui ai donné la becquée :
des brins de soleil
un souffle sur ma nuque
des soupirs d'oreiller
d'autres peaux
que la tienne.
A l'automne venu
j'ai ouvert les mains :
l'oiseau s'est envolé.
Je n'ai rien fait
pour le retenir.
Les oiseaux sont nés
pour le ciel
et nous autres
pour espérer.
Voilà pourquoi
vous me voyez
si souvent
perché aux arbres
dénudés
de l'avenue.
Vous, vous esquissez
un sourire un pas
de côté
le pauvre fou,
pensez-vous.
Mais je m'en moque
je reste là,
les yeux jetés au ciel
la poitrine béante
le corps écartelé
par l'attente.
Le pauvre fou,
pensez-vous
Mais je m'en moque
Vous ne savez rien
d'un cœur déserté
par les oiseaux
"Félines" est sélectionné
pour 19ème Prix des Lecteurs en Seine !
A cette occasion,
les organisateurs m'ont demandé
une petite vidéo de présentation.
C'était l'occasion
pour mettre en scène le début du roman !
Vidéo & Musique : Jean-Marc PARAYRE
Voix & Montage vidéo : Stéphane SERVANT
Merci à l'équipe du Pôle Culturel de la Manufacture (Montolieu) pour l'accueil !
Aujourd'hui, parution de "Rêves américains",
recueil collectif de nouvelles autour des États-Unis,
publié par les éditions Thierry Magnier.
Vous pourrez y trouver, entre autres,
le bichon de Donald T.,
une amish éclairée,
le fantôme de Jimi,..
et ma nouvelle, (mystérieusement) intitulée "Un nouveau monde"
qui vous emportera au-delà
de la Mer des Ténèbres.
Bonne lecture !
Dans le cadre de la manifestation
Dire et Lire à l'Air 2020,
organisée par la Médiathèque Départementale du Gers,
je serai bientôt sur la route
en compagnie de l'illustratrice Ilya Green
et le musicien Jean-Marc Prayre
pour la lecture musicale et dessinée "Monstres & Merveilles"
Mesdames et messieurs, chers et tendres enfants, il est là.
Oui, il est là. Vous ne le voyez pas. Pas encore.
Mais il est bien là, derrière ce rideau.
L’erreur de la nature.
Le survivant d’un peuple primitif, aujourd’hui heureusement, disparu.
Ni homme ni animal.
Grotesque et effrayant.
Le seul et l’unique.
Le Monstre !
"Monstres & Merveilles"
C'est une histoire qui fait trembler.
C'est une histoire d'amitié.
C'est une histoire monstrueuse qui interroge notre propre humanité.
Au fil des mots, dans une ambiance d'antique fête foraine,
les Monstres surgissent sous le pinceau d'Ilya Green
et l'archet de Jean-Marc Parayre.
Venez voir les Monstres !
Nouvel extrait de la lecture musicale
"Sous les zétoiles de Sirius"
d'après le roman "Sirius"
Voici le chapitre 0
où ma voix est portée par
la musique et les sons
de mon compagnon de route
Jean-Marc Parayre.
Bonne écoute !
Un matin
je serai
Sans serrure
J'ouvrirai grand
ma porte
Je traverserai
Fébrile
La ville
Heureux et indifférent
du regard
Médusé
Des passants
En fête
A la boulangerie
J'achèterai
Deux croissants
Encore chauds
Qui laisseront
Sur mes doigts
Dix baisers
A la saveur
beurre salé
Haletant
Je grimperai
quatre à quatre
les marches
de l'escalier
qui mènent
à ta chambre
sous les toits
Où toutes les nuits
J'ai rêvé
que tu te tenais
Le front
au carreau
Solitaire
transie
et nue
Une clope
entre les doigts
Où toutes les heures
A travers
les fissures de l'horloge
j'ai guetté
la fleur
de ton sein
Sous la couverture
d'un livre
Mille fois lu
Après ce long printemps
aux couleurs d'hiver
Tu tireras
le loquet
Tu entrebâilleras
Tes bras
De ta bouche,
Je lécherai le givre
Et enfin
Face à face
On mettra à nu
Nos corps
Pris de glace
Sous les draps
Peau à peau
A pleines dents
On fera des miettes
d'hier
on réchauffera
nos sangs
on mêlera
nos langues
on étouffera
nos peurs
on échevellera
le monde
On fera
Le mur
on dressera
des barricades
on livrera
bataille
Jusqu'à crier victoire
pour s'inventer
de beaux lendemains
Dans les rues, les chambres, les jardins
Nous serons cent
Nous serons des milliers
Des millions
A faire trembler ainsi
le ciel d'été
Nous sommes
Les chiens délaissés
Errants sans papiers
Dans les rues muselières
De vos villes en cage
Nous avons
Des poings
dans le ventre
Du feu dans la voix
Le cœur cicatrice
Et la bouche en rage
Non,
Nous ne sommes pas
Vos braves petits cabots
Marchant au pas cadencé
Dans les soirées mondaines
De vos tristes
Mausolées
Non,
Nous n'avons pas,
Nous n'avons jamais eu
L'étoffe du héros
La gueule de l'emploi
Le bon pédigrée
Nous sommes les clébards de la gare
Tout juste bons pour la corde
Trop craints pour le cadre
Trop crades pour vos trains
Zonant sur les quais
Vous pouvez toujours
Nous assigner
Sur le bitume
Aux cases et aux croix,
Aux caisses, aux piquets
Nous casser les crocs
Nous coudre la gueule
Derrière des barreaux
De vingt mètres carrés
Toujours
Nous serons
Aujourd'hui comme demain
Chiens sauvages
A l'assaut de la lune
Toujours prompts
A danser dans les rues
A vous mordre la main.
A la guerre
Comme à la guerre
Ils étaient
1, 2, 3
braves petits
soldats
Les poches vides
et le ventre creux,
Conscrits
des hangars,
des chantiers
et des rayons,
Appelés
Malgré eux
Sous l’étendard doré
Des robes de chambre
Et des complets-vestons.
A la guerre
Comme à la guerre
Ils étaient
1, 2, 3
braves
petits soldats
Envoyés au front
Précaires bataillons
En livrée garance
Et la fleur mono-prix.
Peloton Truelles
Régiment Pelleteuses
Commando Visseuses
Division Serpillières
Compagnie Transpalettes
Brigade Bétonnières
Et Section Étiqueteuses.
A la guerre
Comme à la guerre
Ils étaient
1, 2, 3
braves
petits soldats
Ils combattront
pour une paire de bottes en daim,
deux brosses à dents, une balancelle en bois,
un écran géant, trois abris de jardin,
six sushis extra-frais, un vélo d'appartement,
une pizza bio, deux caisses de Château Margaux,
un journal à quatre sous, un tuyau d'arrosage,
un robot mixer qui fait tout,
dix pots de crème anti-âge,
et six millions de tonnes
de papier-toilette extra-doux.
A la guerre
Comme à la guerre
Ils étaient
1, 2, 3
braves
petits soldats
Traînés au chant d'horreur
Des caisses
Enregistreuses.
Sinistre fantaisie
militaire.